Les difficultés s’intensifient et affectent l’activité
Sans surprise, les difficultés conjoncturelles se font sentir de façon croissante et la crise énergétique menace désormais l’activité des ETI. Les tensions sur l’offre (hausse des prix, pénuries, manque de main d’œuvre) concernent plus de 9 ETI sur 10 et ont un impact fort ou modéré sur leur activité, leur trésorerie et leur rentabilité. Pour plus de 7 ETI sur 10, ces difficultés ont aussi un impact sur les projets d’investissement. Concernant l’énergie, 1 ETI sur 2 anticipe une augmentation de sa facture énergétique de plus de 50% en 2022 par rapport à 2021 et de plus de 100% en 2023. Seules 9% des ETI concernées sont en capacité de répercuter totalement ces hausses sur leurs prix de vente. Dans le cas où les hausses persisteraient voire s’amplifieraient, 53,5% des ETI risquent de devoir diminuer leur activité et 7% de devoir l’arrêter. L’année 2023 se présente donc comme un saut dans l’inconnu pour un grand nombre d’entreprises.
 
Les hausses de coûts fragilisent la situation financière des ETI
Même si elle n’est pas alarmante, la situation financière des ETI continue de se fragiliser. Plus de 4 ETI sur 10 ont connu une dégradation de leur trésorerie sur un an, soit 15 points de plus qu’en juin dernier. Ainsi, le recours aux lignes de crédit court terme augmente sensiblement (43,2% vs. 30,6% en juin). L’endettement suit la même tendance : la part des ETI affichant une dégradation de leur endettement net total sur un an s’élève à 31,6% (vs. 23,3% en juin). 12% des ETI ayant obtenu un PGE éprouvent ou anticipent des difficultés à le rembourser (vs. 9% en juin). Un tiers des ETI ont connu une dégradation de leur rentabilité d’exploitation au S1 2022 (vs. 20% au S2 2021). Sans doute portée par un chiffre d’affaires orienté à la hausse sur un an pour 3/4 des ETI, la confiance des dirigeants dans les perspectives pour leur entreprise à 6 mois est comparable au trimestre précédent, à 62,7%.
 
Les projets d’investissement résistent pour l’instant
Preuve d’une vision de long terme, les projets d’investissement des ETI se maintiennent en 2022 : 2/3 des ETI ont au moins un projet de croissance organique (vs. 60% en juin), qu’elles financent avec leurs ressources propres pour 57% d’entre elles. Plus de 55% ont au moins un projet de croissance externe (vs. 53% en juin), qu’elles financent en recourant à l’endettement pour plus des 2/3 d’entre elles. Ces projets, qui concernent majoritairement la France, devraient générer au moins 50 emplois pour 1 ETI sur 3 environ. À noter également, les ETI sont toujours convoitées par les investisseurs : 4 sur 10 ont été approchées pour une prise de participation ou un rachat depuis le début de l’année. Par ailleurs, 1 ETI sur 5 nourrit actuellement un projet de recomposition capitalistique (notamment : ouverture de capital).
 
Patrick Ibry, directeur général délégué, Banque Palatine :
« Dans un contexte où les entreprises doivent faire face à des événements exceptionnels d’ordre économique et géopolitique, les ETI françaises font preuve de résilience. Preuve en est, les projets d’investissements et de croissance externe portés par les ETI françaises progressent à nouveau. Ces projets favoriseraient l’emploi en France puisqu’ils pourraient générer jusqu’à 50 emplois pour 1 ETI sur 3. Autre preuve de résilience, l’attractivité des ETI françaises qui sont toujours convoitées par les investisseurs. 4 ETI sur 10 ont été approchées pour une prise de participation ou un rachat. Plus que jamais, les dirigeants d’ETI démontrent leur capacité d’adaptation en s’appropriant l’adage cher à l’historien Yuval Noah Harari "Chaque crise est aussi une opportunité". »
 
Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du METI :
« L’inquiétude domine au sein des ETI en cette rentrée de septembre. L’accumulation des tensions sur l’offre avec, en particulier, l’explosion des prix de l’énergie dégrade autant la situation financière que les perspectives des entreprises, avec une forte pression sur les marges. Les projets d’investissement se maintiennent à un niveau satisfaisant en 2022 mais l’horizon s’assombrit fortement pour l’année prochaine, plus de la moitié des ETI anticipant une réduction de leur activité si les prix de l’énergie n’amorcent pas une décrue. 2023 s’apparente aujourd’hui à un vrai mur énergétique. »